LE RÉGIME MATRIMONIAL DE LA PERSPECTIVE «DE CEUX DU DEHORS». DES REPÈRES DE DROIT INTERNATIONAL PRIVÉ DE L’OPPOSABILITÉ DU RÉGIME
RÉSUMÉ
La présente étude se propose d’analyser l’impact de la loi applicable au régime matrimonial sur les documents conclus par l’un des époux avec les tiers. On analyse aussi les mesures de protection des tiers et du circuit juridique, de même manière, ayant un caractère matériel, en spécial l’impact des mesures de véracité en ce qui concerne les inscriptions au livre foncier. Ainsi, les dispositions nationales ayant un caractère protecteur du circuit juridique, comme les normes matérielles qui protègent les acquéreurs de bonne foi (Gutglaubenvorschriften), seront appliquées avec priorité, quelle que soit la loi applicable au régime matrimonial, parce qu’elles appartiennent au statut réel des immeubles.
L’opposabilité peut être conçue soit de la perspective du titulaire du droit subjectif, comme un instrument d’efficacité du droit déjà acquis conformément à la loi applicable à l’acte juridique appartenant à un autre État (extraterritoriale Wirkung), soit, concernant les choses de la perspective des tiers, comme une forme de leur protection juridique (Schützwirkung) contre l’imposition de certains effets résultant des documents conclus dans un autre pays ou régis par une loi étrangère, et dont ils ne pouvaient pas avoir connaissance de façon raisonnable. Cependant, avant de la concevoir de la perspective de l’acte conclu, l’opposabilité doit être regardée, en tout premier lieu, de la perspective des tiers, parce que leurs intérêts doivent primer. L’opposabilité représente un état national, du circuit juridique national où les effets des actes ou les situations juridiques nées au niveau transnational s’infiltrent. Voilà pourquoi, l’opposabilité ne peut pas être conçue, en principe, au-delà de l’horizon naturel de l’oeil des tiers, au-delà des frontières nationales. De la perspective de l’opposabilité des droits; l’Europe n’est pas un espace sans frontières!
En fonction du critère de l’opposabilité, on peut distinguer entre deux mondes: le monde de «ceux à l’intérieur» et le monde de «ceux en dehors». Le premier monde est régi par la loi de l’acte ou du fait générateur, à quelques rares exceptions (par exemple, l’ordre public international), pendant que le dernier monde reste, en principe, à la disposition des normes de protection appartenant au système de droit de l’État sur le territoire duquel les effets escomptés sont produits. En tant que règle, l’opposabilité appartient à la loi du lieu de survenance des effets juridiques, mais non au lieu de leur naissance. L’opposabilité «réside» sur le territoire de l’État où ces effets sont censés être élargis. Les tiers, contre lesquels l’opposition de certains effets est prévue, ne peuvent être obligés ni de connaître leur source, ni la loi applicable à l’acte ou au fait générateur, lorsqu’ils sont nés dans un autre espace juridique. Ils ont le droit de les ignorer! La stabilité du circuit privé et, de la même manière, la protection des tiers requièrent la limitation de l’opposabilité des effets à ce que, de façon raisonnable, peut être visualisé. Les yeux des tiers ne peuvent pas être obligés de regarder au-delà de l’horizon naturel du regard, c’est-à-dire au-delà de l’espace juridique appartenant au lieu de la production et de l’invocation des effets. De cette façon, l’opposabilité entre dans le champ de gravité et de réglementation de lex loci effectum, qui peut être, selon le cas, lex rei sitae, c’est-à-dire la loi du lieu où le bien meuble est situé à la date de l’invocation des effets, pespectivement la loi du lieu du l’immeuble est situé, la loi du lieu de la production des effets de la représentation, la loi du lieu de l’ouverture de la procédure d’insolvabilité (lex concursus), la loi des effets du régime matrimonial, la loi du lieu de l’invocation du certificat successoral européen, la loi applicable à la clause attributive de juridiction etc.
Mots-clés: le régime matrimonial, le droit international privé, l’opposabilité, la loi applicable, des mesures de protection.
MATRIMONIAL REGIME FROM THE PERSPECTIVE OF “THOSE FROM OUTSIDE”. BENCHMARKS OF PRIVATE INTERNATIONAL LAW OF THE REGIME ENFORCEABILITY
ABSTRACT
This study aims at examining the impact of the law applicable to the matrimonial regime over the documents concluded by either spouse with third parties. The material protection measures
of the third parties and of the legal circuit are equally examined, especially the impact of the veracity measures as regards the registrations in the land book. Hence, the national protection provisions of the legal circuit, such as the material rules protecting the acquirers of good faith (Gutglaubenvorschriften), shall be applicable as a priority, no matter the law applicable to the
matrimonial regime, as they relate to the actual status of real estate. The enforceability may be considered either from the perspective of the holder of the subjective right, as an efficiency tool of the already acquired right according to the law applicable to the legal act belonging to another state (extraterritoriale Wirkung), or, regarding things from the third parties’ perspective, as a form of their legal protection (Schützwirkung) against the imposition of certain effects arising from any documents concluded in another country or governed by a foreign law, which, reasonably, they could not be aware of. However, before thinking about it from the perspective of the concluded document, enforceability must be mainly considered from the third parties’ perspective, as their interests have to take priority. Enforceability represents a characteristic of the national state, of the national legal circuit where the effects of the legal documents or situations arising at the transnational level, get through. That is why, enforceability cannot be considered, in principle, beyond the natural horizon of the third parties’ view, beyond the national borders. From the perspective of the enforceability of rights, Europe is not a space without borders!
Depending on the enforceability criterion, we are able to distinguish between two worlds: the world of “those from the inside” and the world of “those from the outside”. The first is governed by
the law of the chargeable deed or event, with rare exceptions (e.g., the international public order), while the latter remains, in principle, at the disposal of the protection rules belonging to the system of law of the state on whose territory the aimed effects are generated. As a rule, enforceability shall belong to the law of the place where legal effects are generated, but not to the law of their birth place. Enforceability “resides” on the territory of the state where these effects are intended to be extended. Third parties, in relation to which it is intended to oppose some effects, may not be required to know their source and not even the law applicable to the chargeable deed or event, at the time when they have arisen in another public space. They are entitled to ignore them! The private circuit stability and, to the same extent, the third parties’ protection, require the limitation of enforceability of the effects to what may be reasonably viewed. Third parties’ eyes may not be required to look beyond the natural horizon of the view, namely beyond the legal space belonging to the place of generating and invoking the effects. In this manner, enforceability shall fall within the scope of gravitation and regulation of lex loci effectum, which may be, as appropriate, lex rei sitae, namely the law of the place where the movable asset is located upon invoking the effects, respectively the law of location of the real estate, the law of the place where the effects of representation are produced, the law of the place of opening the insolvency procedure (lex concursus), the law of the effects of the matrimonial regime, the law of the place of invoking the European heir certificate, the law applicable to the attributive clause of jurisdiction etc.
Keywords: matrimonial regime, private international law, enforceability, applicable law, protection measures.
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